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mardi 22 décembre 2020

Le bonheur

Préambule

              Notre monde est profondément marqué par une course effrénée à la recherche de l’argent. Le slogan populaire anglo-saxon «  time is money » (« le temps c’est de l’argent ») étaie, comme de juste titre, ce constat général. Mammon semble avoir réussi à planter son étendard en ces derniers siècles. Du coup, l’adage selon lequel «  l’argent ne fait pas le bonheur » semble avoir baissé pavillon devant l’empire grandissant de ce « bourreau irrésistible des cœurs ». La Ploutocratie fait de plus en plus la loi sur le globe. On assiste également à la montée des idéologies (Tiers-mondisme, alter-mondialisme) et à la naissance des crises sociales en l’occurrence l’extrémisme violent. Lorsqu’on y regard de près, le fin mot de ce remue-ménage planétaire se révèle être la quête du bonheur. Quelle approche pouvons-nous faire de ce «  trésor », enfoui partout et nulle part, tant recherché à l’unanimité ? Le bonheur est-il une réalité immanente ou transcendante ? Quels peuvent être le sens et le contre- sens du bonheur ?

 

                                                                      I.            Approche définitionnelle

           Du point de vue étymologique, on s’aperçoit que le bonheur est lié au hasard, à la chance. En effet, bonheur veut dire « Bon heur », dérivé du latin « augurium » qui signifie «  augure », « chance », « présage ». D’où l’expression : Avoir l’heur de… qui veut dire, avoir la chance de…

            Le bonheur est souvent défini en opposition au plaisir ou à la joie, comme un état durable de satisfaction. Le bonheur apparait comme un état de complète satisfaction, de plénitude par opposition au malheur (cf. Philosophie de A à Z). Il est un concept très complexe qui fait appel à d’autres notions comme la vertu, la liberté, la justice… car peut-on réellement être dans le bonheur si on n’est pas juste et /ou libre ? Si la définition parait relativement aisée, il n’en est pas pareil quant à la question de sa provenance. D’où la question de savoir si le bonheur serait une réalité immanente ou transcendante. Autrement dit, le bonheur sort-il de l’individu lui-même ou d’un principe supérieur ?

 

                                                                 II.            Le bonheur, une réalité transcendante ou immanente à l’homme ?

                La transcendance dérive du latin « tanscendere » qui signifie « passé au-delà », « surpasser ». Elle est le caractère de ce qui est d’une nature supérieure, radicalement différente et séparée du monde sensible.

                Quant à l’immanence, elle procède étymologiquement aussi d’un terme latin « immanere », « demeurer en ». Elle désigne l’état de ce qui est contenu dans la nature même d’un être et ne résulte pas d’une intervention extérieure. Au regard de cette clarification conceptuelle, nous soutenons que le bonheur est une question intrinsèquement immanente à l’homme. La liberté et la perfectibilité spécifiquement humain, confèrent à l’individu la capabilité de se frayer consciencieusement le chemin qui le mènera au bonheur. Le bonheur s’origine donc en l’homme. Cependant, il faut noter que ce dernier, ne vivant pas à l’état de nature selon la vision Rousseauiste du terme, a besoin de son environnement humain pour l’accomplissement de ce bonheur. Néanmoins, le soubassement de cet « édifice » en perpétuel construction s’enracine dans la subjectivité. Le « je » suis à la base comme au faîte du bonheur. Il reste alors à déterminer le sens et le contre-sens de cette « perle rare ».

 

                                                                                                                     III.            Sens et contre-sens du bonheur

                  Le bonheur est un thème transversal. C’est dans ce sens que divers doctrines furent érigées par plusieurs écoles antiques (stoïcisme, épicurisme…) autour  de ce concept. Nous signalons au passage l’eudémonisme, l’hédonisme.

                  Nous tenterons  d’esquisser quelques pistes pouvant conduire au bonheur. Le sens est donc ici entendu comme une voie adéquate en vue d’accéder au bonheur contrairement au contre-sens qui désigne des actes qui vont à contre-courant de cette quête.

                   Pour accéder au bonheur, il faut se lever de bonne heure. Un adage dit ceci : «  Qui veut aller loin ménage sa monture ». Le bonheur ne serait accessible que lorsque l’homme serait arrivé d’abord à dompter la bête farouche qui se tapit à l’ombre de sa nature. Cette bête qui met bas la haine, la convoitise, les plaisirs désordonnés, la comparaison égocentrique. La vertu devra être le cheval de bataille de qui aspire au bonheur véritable. L’amour est le fondement du bonheur car il génère la tempérance, l’acceptation de soi et de l’autre, l’authenticité, la transparence. Ce sont ces qualités subséquentes qui engendrent le bonheur. Saint Augustin ne dit-il pas ceci : « Aime et fais ce que tu veux » ?

                 Le bonheur véritable est semé et entretenu en et par l’individu lui-même. En effet, le processus d’acquisition du bonheur peut être comparé à une pépinière qu’entretien un jardinier. Ce dernier, S’il veut voir les jeunes végétaux croître harmonieusement doit les arroser régulièrement, en ôter les herbes et l’ivraie et les protéger contre les rayons trop flamboyants du soleil d’été. Analogiquement, le bonheur doit être nourri quotidiennement par les bonnes œuvres et doit être préservé de l’influence des esprits malveillants. Il faut alors s’aguérir contre les mauvais desseins déroulés par des  esprits malintentionnés dont la vocation est de tarir le bonheur d’autrui. Mieux, cette altérité qui cherche à altérer toute quiétude en brandissant secrètement le slogan diabolique selon lequel « le malheur des uns fait le bonheur des autres » doit être aperçu non comme un obstacle horripilant qu’il faut écarter les yeux fermés, mais plutôt comme une nouvelle donne pour épurer et mieux assoir son bonheur.

                 Le contre-sens du bonheur s’ébauche lorsque la bête a pris le dessus sur l’humain. Ainsi, on assiste à la prostitution, aux homicides volontaires et à des pratiques occultes (sacrifice humain, profanation du corps de l’homme) à dessein pécuniaire. Ces attitudes perverses plombent le bonheur.

 

Conclusion

                    En définitive, le bonheur se présente comme une asymptote (de « a- » priv. Et du grec « sumptôsis », rencontre), une ligne droite qui, si on la prolonge à l’infini, se rapproche indéfiniment d’une courbe sans jamais la toucher. L’homme étant essentiellement un être de désir, le bonheur peut se définir comme une marche perpétuelle vers un horizon illimité. Mais comme nous le rappelle un illustre auteur burkinabè, « le bonheur n’est pas un fleuve dans lequel on est plongé une bonne fois pour toute. Ce sont les petits instants de joies qu’on gagne au cours de la vie qui constituent  le bonheur ». Le bonheur est un état d’esprit. Pour conserver cet état, «  retranche ainsi de ton âme tout ce qui est superflu, redresse ce qui n’est point droit, purifie et illumine ce qui est ténébreux, et ne cesse pas de perfectionner ta statue jusqu’à ce que la vertu brille à tes yeux de sa divine lumière, jusqu’à ce que tu voies la tempérance assise en ton sein dans sa sainte pureté » Plotin, première Ennéade, Livre sixième : Du beau.

 

 

 ILBOUDO Pawend-Saré Denis 

Philo II