samedi 9 janvier 2021

La vie a toujours un sens

 

Introduction

La question de savoir si la vie a un sens n’est pas une préoccupation. L’essentiel, c’est de donner un sens à la vie, à sa vie. Pour les croyants, la vie est une profonde aspiration vers Dieu. Pour le non-croyant, la vie pourrait être un but que nous souhaitons atteindre durant notre existence. En réalité, la majorité des gens d’aujourd’hui sont pris dans des choses qui ne changent rien à leur vie. Par exemple il s’agit soit de gagner plus d’argent, soit de conquérir le pouvoir et régner sur d’autres. Mais qu’est-ce que la vie ? Comment concevoir la vie dans la réalité humaine ? Toute vie n’est-elle pas une finalité visée ? Le problème sous-jacent à ces questions se rapporte au caractère mystérieux de la vie. Après avoir tenté de définir la vie, cette contribution montrera que la vie est une expérience humaine fondamentale, et que cette expérience a une finalité.

 

1.      Définition conceptuelle

De par son étymologie, le concept « vie » vient de latin « Vita » qui désigne existence. Dire qu’une chose existe, c’est poser son existence et définir son essence. Le concept d’existence est intimement lié à celui d’essence pour désigner l’idée de la nature humaine. L’essence est la nature d’une chose qui la constitue par opposition à l’accident. C’est la réalité humaine dans son ensemble telle que la vie morale, la vie religieuse et la vie politique. Au sens philosophique du terme, la vie se définit comme une « entité supposée animer l’ensemble des organismes vivants »[1]. Autrement dit, c’est une réalité insaisissable qui anime tous les êtres vivants. Mais il faut reconnaître que le concept de vie ne fait pas l’unanimité chez les philosophes.

            Si Henri Bergson définit la vie comme un « flux vital ou un élan » qui a surgi un moment donné dans l’univers, Dilthey en fait un point d’ancrage de l’homme. Bien plus que cela, la vie est le point de départ capable de fonder l’objectivité de la connaissance chez Dilthey. Tout doit partir de la vie et tout doit revenir à elle. La vie nous est donnée à comprendre. Et nous comprenons la vie à partir d’elle-même et d’une certaine objectivité. Cela veut dire qu’il y a une manière propre de comprendre la vie tout comme les sciences de la vie ont une manière de se constituer. Quant à Schopenhauer, il admet que la vie n’est rien d’autre qu’une absurdité, puisqu’elle n’a pas d’autre raison d’être que de vouloir vivre à tout prix. Nietzsche qualifiera cette vision de la vie comme étant une conception négative de la vie. La vie, selon Nietzsche, est synonyme d’une « volonté de puissance ». La volonté de puissance chez lui désigne une quantité des forces qui se dirige vers un élément de puissance. Elle est une structure pluraliste et intentionnelle des hommes. Cependant, s’il y a de multiples sens de la vie, comment pouvons-nous comprendre la réalité humaine dont chacun de nous fait l’expérience dans le quotidien ?

 

2.      La vie est une réalité humaine dans le monde

La question du sens de la vie est une réalité incontournable. Elle se pose de manière aiguë à tout homme qui se trouve devant des situations limites. Tout dépend bien sûr de la manière dont il aborde la question. Quand nous posons la question du sens de la vie, nous nous demandons souvent ce qu’elle signifie pour nous-même. Mais l’essentiel est d’avoir accompli certaines choses qui ont du sens pour nous. Il arrive parfois que certaines personnes, surtout les plus âgées, se demandent si leurs activités ont conduit à une ascension de leur vie ou une déchéance. Nous pouvons dire que c’est la partie « bilan » du sens de la vie. Donner un sens à notre vie n’est pas seulement déterminer ce qu’il y a derrière nous, mais aussi devant nous. Il s’agit de se donner des raisons de vivre. On comprend alors Karl Jasper qui dit : « Philosopher c’est prendre la décision de faire jaillir à nouveau en soi la source vive, de retrouver le chemin de son for intérieur, de s’aider soi-même par une action intime de toute la mesure de ses forces »[2]. Certes, l’être humain vit d’espoir ; il prétend dominer le monde et il est même difficile pour lui d’accepter la mort comme une fin, un anéantissement.

            En outre, vivre est une manière d’être fondée sur des raisons d’être qui imprègnent nos actions. Cela fait signe à la philosophie comme une manière d’être. Les philosophes de l’antiquité se distinguaient des autres hommes par leur manière de vivre. C’est la figure de Socrate qui a marqué le début d’une vie philosophique comme une manière de vivre. Il a marqué un tournant décisif dans l’importance de la philosophie. C’est ce qu’affirme John Cooper « Je défendrai la thèse selon laquelle, pour Socrate, vivre une manière philosophique signifie en considérant que la raison est notre faculté la plus haute et la plus essentielle. Vivre une vie philosophique, c’est donc vivre conformément à la raison définie dans toutes nos actions »[3]. L’apologie de Socrate, de Platon nous éclaire sur la manière dont ce philosophe avait consacré sa vie publique à enseigner et à vivre selon ses propres enseignements. Ces entretiens portaient essentiellement sur la vie humaine, sur la manière de vivre et d’agir plus correctement possible. Parmi ses auditeurs se trouvaient de jeunes gens et des hommes mûrs. Au fond, la vie de Socrate a consisté en un effort permanent de donner un sens à la vie, à sa vie, toute vie étant orientée vers une fin. On peut conclure que la figure de Socrate fut un exemple dans l’histoire de la philosophie donnant un sens à la vie en société. Ce dernier nous fait découvrir que toute vie est orientée vers un but.

 

3.      Toute vie humaine est une finalité visée

            Toute vie est ordonnée à quelque chose qui se présente comme une finalité. Cette chose pourrait s’identifier à une finalité qui serait le point de départ de toute vie humaine. Le sens de la vie réside dans les significations que nous lui accordons. Savoir donner une signification à notre vie implique nécessairement des objectifs bien définis. En effet, la finalité réside dans le fait de définir un chemin pour notre existence. La vie de la société actuelle laisse voir que les hommes souhaiteraient avoir une vie de bonheur et de paix. Les hommes se fixent des objectifs qui orientent leur vie. Il y a comme un vide qui subsiste en eux et qui les pousse à agir grâce à l’émergence d’une aspiration. C’est ce vide que tout le monde cherche à combler par le désir et par des bonnes actions. Selon Moritz Schlick : « Nous ne trouverons jamais dans l’existence un sens ultime, si nous ne la considérons que sous l’angle du but »[4]. Avec Schlick, nous pouvons dire que celui qui prétend avoir un sens ultime de sa vie construit en même temps son avenir dans le rêve sans le savoir. Le succès est un effet naturel pour nous si nous faisons ce que nous aimons.

La finalité se justifie dans l’activité constructive d’une vie quotidienne. Tout individu possède des talents qu’il peut mettre en pratique pour réussir sa vie. Le talent n’est pas quelque chose d’inné, mais une force que l’on cultive avec le temps. Il est nécessaire pour chaque homme de définir les objectifs qui le feront avancer dans la bonne direction. Dans la jeunesse, nous devons rechercher des activités qui comportent en elles-mêmes des buts et des valeurs propres à nous. Toute vie humaine se construit dès la jeunesse par une large activité quotidienne de l’homme. C’est pourquoi l’éducation est nécessaire pour tout jeune afin qu’il devienne responsable de lui-même. Toutes les valeurs de l’existence peuvent être mises en relation avec la jeunesse.

 

Conclusion

Au terme de ce parcours, nous retenons qu’en philosophie, la vie se définit diversement selon les auteurs. En ce qui nous concerne, il s’est agi d’analyser ce concept sous l’angle de la réalité humaine. En tout cas, enquêter sur le sens de la vie, réfléchir sur la vie constitue ensemble une nécessité. Mais quelle peut être la signification spirituelle de la vie, surtout en ce temps de Noël où Dieu, maitre de la vie est entré dans l’Histoire de la vie humaine ? Cela dénote de l’aspect divin de la vie de l’homme qui en constitue sa destinée. Pour y parvenir, il appartient à chacun d’orienter sa vie suivant des principes moralement justes. La mort n’est donc pas la finalité de la vie, elle n’est qu’un passage vers l’éternité.



[1]-Elisabeth Clément, Chantal Demonque, Laurence Hansen-Love, Pierre Kahn, La philosophie de A à Z, Hatier, Paris, Avril 2000, P.465.

[2] -Karl Jaspers, Introduction à la philosophie.

[3] -John Cooper, https://journals.openedition.org/10.4000/etudesplatoniciennes.918, 2007, mis en ligne le 01 septembre 2016, consulté le 06 novembre 2020, Cf. P.3, Trad. de Oliver Renaut

[4] -Moritz Schlick, Les idéaux de la philosophie, Trad. Dominique Janicaud, P.21

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